Le conseiller technique enfance-jeunesse
Au sein du Pôle expertise d’action sociale, les conseillers techniques de la Caf de la Loire participent à la promotion des orientations institutionnelles auprès des partenaires de la Caf et à leur déclinaison opérationnelle. Sous la responsabilité de Françoise Richard, 12 conseillers techniques interviennent auprès des interlocuteurs locaux selon leur spécialité et le secteur géographique qui leur est attribué. Parmi eux, les conseillers techniques enfance-jeunesse mettent leurs compétences au service des acteurs de l’accueil des enfants de 0 à 18 ans.
Questions à…
François Combréas, conseiller technique enfance-jeunesse à la Caf de la Loire
Les conseillers techniques interviennent sur des secteurs géographiques déterminés. Quel est l’intérêt de cette organisation ?
François Combréas.- Dans la Loire, nous sommes 6 conseillers techniques positionnés sur la thématique de l’enfance et la jeunesse. Pour ma part, j’interviens conjointement avec Catherine Grimbert-Champagnat sur la ville de St-Etienne, ainsi qu’individuellement sur les communes situées sur Loire Forez, le Pays de St-Galmier et le Pays de St-Bonnet-le-Château. Nos territoires d’intervention sont découpés selon les caractéristiques démographiques, le nombre de structures d’accueil, etc. Notre spécialisation, à la fois thématique et géographique, est une valeur sûre pour la qualité de notre travail. La connaissance du métier et du territoire se construit sur le long terme, le conseiller technique qui prend en charge un nouveau territoire a un réseau important à développer : une année me semble nécessaire.
Les Caf mettent en oeuvre la politique de la branche Famille en faveur de l’enfance et de la jeunesse notamment à travers des contrats enfance-jeunesse (CEJ). Quel est votre rôle dans ce cadre ?
F.C.- La gestion des CEJ est une de nos missions principales. Signés entre la Caf, les collectivités locales et éventuellement la Mutualité sociale agricole (Msa), ces contrats ont pour objectif de soutenir le développement de l’offre d’accueil des enfants et des jeunes sur un territoire donné.
Dans le cadre du suivi du CEJ, nous réunissons une fois par an les différents acteurs (représentants de la collectivité locale, des associations, administrateurs Caf) autour d’un comité de pilotage. Il s’agit, d’une part, de faire le bilan des réalisations et de leur adéquation avec les prévisions inscrites dans le CEJ et, d’autre part, d’étudier les nouveaux projets. Ces comités de pilotage offrent l’occasion aux partenaires de se rencontrer et d’échanger sur les besoins de leur territoire et la façon dont ils peuvent y répondre. Le conseiller technique a aussi un rôle de médiateur, observant une neutralité tout en conduisant les différents acteurs (collectivités, associations…) à se concerter afin de favoriser l’avancement des projets.
Par ailleurs, nous effectuons un suivi administratif et financier tout au long de l’année : examen des budgets et des données de fréquentation, suivi du paiement des prestations de service, respect des préconisations en matière de maîtrise des risques, évaluation des réalisations au regard des engagements pris. A ce propos, un CEJ fonctionne d’autant mieux s’il existe un coordonnateur qui fait le relais entre la collectivité locale, les élus et les associations et assure le suivi administratif. Toutefois, pour des raisons de coût, les collectivités locales n’ont pas toujours la possibilité d’avoir ce type de poste.
Un autre volet important de notre fonction est la participation à l’élaboration de diagnostics partagés. J’ai contribué par exemple à une étude sur le Pays de St-Bonnet-le-Château, avec des collègues Caf : un agent de développement social et un travailleur social intervenant sur le territoire du Forez-Montbrisonnais. A l’issue de ce travail, qui a demandé beaucoup de rencontres avec les différents acteurs, un diagnostic a été établi et a servi de base à la définition de la politique en faveur de l’enfance et la jeunesse sur le territoire. Concrètement, nous avons notamment préconisé la création de nouvelles structures d’accueil petite enfance (micro-crèches) et la mise en place d’accueils de loisirs à l’échelle intercommunale. A ce jour, une micro-crèche fonctionne, une autre est en cours d’installation et la communauté de communes gère tous les accueils de loisirs extra-scolaires de son territoire.
Comment les partenaires accompagnent la création d’un établissement d’accueil de jeunes enfants (EAJE) et quel est votre rôle ?
F.C.-Nous travaillons au sein d’un « guichet unique » des financeurs avec les élus du territoire sur lequel est envisagée l’implantation, services du Conseil général et de la collectivité concernée et éventuellement ceux de la Msa, qui, au-delà d’une contribution financière, participe à l’élaboration de certains projets en zone rurale. Ce « guichet unique » est mis en place pour chaque projet de création. Le porteur de projet doit présenter un état de l’existant (données démographiques, offre d’accueil existante, besoins repérés…). Pour l’assister dans ce recueil de données, le conseiller technique sollicite l’appui du chargé d’études de la Caf. Les bases statistiques de la Caf permettent de dessiner un portrait assez complet d’un territoire. Nous les utilisons pour toutes nos études et enquêtes ciblées. Cette richesse d’informations est d’ailleurs reconnue par nos partenaires. Ensuite, nous aidons le porteur de projet à bâtir la demande de financement. Enfin, en concertation avec nos responsables, nous rédigeons le document préparatoire que nous présentons ensuite en commission territoriale du conseil d’administration de la Caf. Nous avons régulièrement l’occasion d’échanger avec les administrateurs de la Caf : en comité de pilotage de CEJ, au cours des réunions de commissions, mais également lors des inaugurations des différentes structures mises en place.
Le nombre de créations d’Eaje a été très important ces dernières années : dans la Loire, le nombre de places d’accueil a progressé de 2 900 en 2008 à près de 4 000 en 2013, ce qui représente en moyenne une structure nouvelle par mois. Ce sont autant de dossiers à étudier.
De plus, notre rôle ne s’arrête pas à la phase de création, nous accompagnons la structure tout au long de son activité. Le Conseil général s’attache à l’aspect qualitatif, en vérifiant le respect des normes. Le conseiller technique Caf s’intéresse au fonctionnement de la structure, surveille les éléments budgétaires et s’efforce de prévenir les difficultés financières. Si des investissements sont nécessaires (équipements, travaux…), nous faisons des propositions et aidons la structure à effectuer sa demande de subvention. Enfin, nous sommes fréquemment sollicités au sujet des dossiers allocataires, nous conseillons la structure sur l’utilisation de « Cafpro », notre application informatique qui lui permet de connaître le montant des ressources des familles pour calculer les tarifs horaires.
Quelles sont les autres missions d’expertise qui vous sont confiées ?
F.C.- Nous accompagnons la mise en oeuvre de la politique de la Caf. Dans ce cadre, nous sommes chargés de missions ponctuelles. Par exemple, nous avons contribué à la réflexion et émis des propositions au sein du comité de suivi et de l’observatoire de la politique loisirs et vacances. Nous avons aussi été chargés de participer à la rédaction des nouveaux règlements de fonctionnement des structures petite enfance, ainsi que la charte micro-crèches, en collaboration avec le Conseil général. Nous avons également un rôle dans l’information et la communication auprès de nos partenaires à l’occasion de la mise en place de nouvelles règles. On peut citer comme exemples récents l’application des nouvelles dispositions modifiant la Psu (Prestation de service unique), la mise en place des nouvelles conventions accueils de loisirs ou encore celle de la réforme des nouveaux rythmes scolaires, sous la coordination de la DDCS (Direction départementale de la cohésion sociale). Toutes ces missions exigent une grande réactivité par rapport à l’actualité.
Par ailleurs, nous représentons la Caf dans les dispositifs partenariaux, tels que la Cdaje (Commission départementale de l’accueil du jeune enfant), qui définit la politique en faveur des jeunes enfants dans le département de la Loire. Dans ce cadre, nous participons à l’élaboration et au suivi du schéma départemental de l’accueil des jeunes enfants. Un exemple d’action menée dans le cadre de la Cdaje est la réflexion en cours au sujet des micro-crèches et du faible recours au label mis en place avec la charte. Nous allons mener une enquête, conjointement avec le Conseil général et la Msa, auprès des micro-crèches. Il s’agira de mieux connaître leur fonctionnement, dans le but de réexaminer certaines modalités de labellisation et peut-être d’adapter la charte.
Ces différentes missions font du conseiller technique un interlocuteur privilégié auprès des partenaires ?
F.C.-Nous sommes leur référent Caf, ils nous sollicitent d’ailleurs souvent pour des questions liées au suivi des prestations de service. De ce fait, nous sommes régulièrement en lien avec le service qui les gère : le Pôle administratif d’action sociale. Par ailleurs, notre équipe est composée de conseillers ayant différentes origines professionnelles. Celles-ci constituent une richesse dans la connaissance de notre institution et nous donnent l’occasion de répondre plus précisément aux interrogations de nos partenaires.
En ce qui vous concerne, quel a été votre parcours avant d’intégrer le Pôle expertise d’action sociale ?
F.C.-Je suis conseiller technique depuis 10 ans. Auparavant, j’ai exercé dans la branche du service aux allocataires : tout d’abord en tant que technicien-conseil, puis comme formateur interne et expert Cristal (application informatique de gestion des dossiers allocataires). D’ailleurs, depuis l’année dernière je m’investis à nouveau dans cette activité de formation, dans le cadre des formations de conseillers techniques organisées par la Cnaf.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?
F.C.- Lorsque j’ai candidaté au poste de conseiller technique enfance-jeunesse, j’avais une idée parcellaire du travail demandé, qui pour moi se concentrait sur la gestion des Cej. La spécialisation ainsi que la variété des missions m’ont énormément appris et notamment, l’objectivité et la neutralité. De plus, les relations partenariales ont leur propre vocabulaire, que j’ai intégré au cours de ces années. Enfin, nous avons de grandes responsabilités financières, nous devons effectuer un suivi et des projections de dépenses de plus en plus précises, en accord avec les exigences de la Cnaf. Pour exercer ce métier, il faut donc aimer autant les chiffres que les mots.