Le conseiller technique « animation de la vie sociale »

   G PASKO MILLET

Questions à

Geneviève Pasko-Millet,

conseillère technique

« animation de la vie sociale »

 

 

Combien la Caf de la Loire compte t-elle de conseillers techniques AVS ?
GPM : Nous sommes trois conseillères (voir l’équipe) et intervenons chacune de la même façon auprès des centres sociaux et espaces de vie sociale (Evs) qui se trouvent sur nos secteurs respectifs : le sud du département pour mes collègues, le territoire roannais, jusqu’à Feurs, pour moi. Bien entendu, nous travaillons régulièrement ensemble, dans un souci de cohérence et de coordination.

La Caisse nationale des Allocations familiales (Cnaf) positionne l’AVS comme une composante forte de l’offre globale Caf. Pouvez-vous apporter des précisions ?
GPM : L’offre de service Caf vise l’amélioration du bien-être des familles. Son aspect le plus connu est le versement de prestations aux allocataires, mais elle comprend également une participation au financement des politiques sociales et un appui technique pour leur mise en oeuvre dans divers domaines, dont l’AVS.
Les Caf sont positionnées comme « chefs de file » de la politique AVS. Ce sont leurs conseils d’administration qui délivrent l’agrément des centres sociaux ou espaces de vie sociale et les Caf en sont le principal financeur. Dans la convention d’objectifs et de gestion (Cog) signée entre la Cnaf et l’Etat pour la période 2013-2017 l’animation de la vie sociale est réaffirmée comme un axe d’intervention fort des Caf, avec l’exigence de mise en œuvre d’une politique qui mette l’accent sur le pouvoir d’agir des habitants et le développement de la citoyenneté sur les territoires. 

Que recouvre ce rôle de « chef de file », de pilote ?
GPM : Il s’agit notamment d’organiser la concertation sur les différents territoires pour aboutir, à partir de diagnostics partagés, à la mobilisation des habitants et à l’expression de leurs besoins. Un centre social ou un Evs peut constituer une réponse.

Sur le plan pratique, comment s’organise le pilotage ?
GPM : Dans la Loire, il s’appuie sur une plate-forme mise en place depuis plusieurs années, « Centre social et territoire », qui réunit des directeurs de centres sociaux, des délégués de la fédération des centres sociaux, des techniciens des villes de Roanne, St-Chamond et Saint-Etienne, des représentants du Conseil général, de l’Etat, de fédérations d’éducation populaire (UFCV, Francas, Ligue de l’Enseignement) et des conseillers techniques Caf.

Concrètement en quoi consiste le travail au sein de « Centre social et territoire » ?
GPM : Nous avons construit des outils, conventionnels et méthodologiques, pour structurer l’AVS sur le département.

Quel type d’outils sur le plan conventionnel ?
GPM : Nous avons élaboré un modèle de convention pluripartite d’objectifs et de financement signée pour toute la durée de l’agrément entre les centres sociaux et les partenaires financeurs.
L’histoire de notre département avec ses deux grands bassins ouvriers fait que le nombre de centres sociaux (51) et d’Evs (17) est l’un des plus importants de Rhône-Alpes. La Caf de la Loire soutient de façon importante les centres sociaux, sur fonds nationaux et sur fonds locaux. C’est un choix de notre conseil d’administration. Les communes financent également ces structures ainsi que le Conseil général. L’engagement commun autour des centres sociaux au travers de ces conventions représente pour les structures une vraie reconnaissance.

Pouvez-vous nous parler des outils méthodologiques ?
GPM : Nous avons bâti une trame de « dossier unique » pour l’élaboration du projet social que les centres sociaux présentent tous les quatre ans en vue du renouvellement de leur agrément et formalisé une méthodologie pour opérer les diagnostics partagés de territoire, préalables à l’élaboration des projets. Le chargé d’études et les agents de développement social de la Caf peuvent être sollicités et apportent leur précieux concours.
Il y a ensuite un travail d’analyse et de synthèse pour poser un diagnostic sur lequel la structure va pouvoir s’appuyer pour construire son nouveau projet.

Quel est le rôle du conseiller technique AVS dans le suivi du projet ?
GPM : Nous avons un rôle d’accompagnement des structures, c’est le coeur de notre métier. Nous effectuons un suivi permanent, sur la mise en oeuvre du projet social ainsi que sur les aspects financiers, pour lesquels nous sommes en lien avec nos collègues du « Pôle administratif d’action sociale », chargés des dossiers de prestations de service à la Caf.
Par ailleurs, nous favorisons l’entretien d’un réseau d’échanges et de partage d’expérience entre structures ainsi que la communication en direction des partenaires, notamment par la promotion du système d’échange national des centres sociaux (SENACS), né en Rhône-Alpes sous le nom de système d’échange Rhône-Alpes des centres sociaux (SERACS).
Tout ce travail avec les centres sociaux et les Evs contribue à leur bonne appréhension de la politique AVS de la Cnaf et des objectifs fixés (voir l’article sur l’AVS).

Certaines structures rencontrent-elles néanmoins des difficultés ?
GPM : Certaines peuvent effectivement avoir besoin sur une période d’un suivi rapproché, concernant les orientations du projet ou sa viabilité financière, mais aussi lorsque se présentent des problèmes de gouvernance associative. Les qualités d’écoute, l’objectivité, l’impartialité et la neutralité nécessaires à notre métier, et pour lesquelles la Caf est reconnue, sont un atout pour constituer un appui dans des situations délicates. En cas de difficultés plus importantes, notre capacité de réactivité et les liens forts que nous avons tissés avec les structures et les partenaires financeurs permettent de mobiliser les efforts de tous pour rechercher des solutions. Un centre social ou un Evs qui ferme c’est du lien social qui disparaît.

Et l’ouverture d’un centre social ou d’un Evs, comment se décide t-elle ?
GPM
: On ne peut pas parler d’une « décision » de création d’une structure. Nous sommes sollicitées par des habitants, des associations de quartier, des élus, des travailleurs sociaux de la Caf ou d’autres institutions, des agents de développement social, des conseillers techniques Caf qui travaillent avec les habitants sur d’autres champs et décèlent des besoins qui leur semblent plutôt relever de notre domaine d’intervention, ou encore nous nous interrogeons sur l’absence de structures dans telle ou telle zone… Alors nous allons à la rencontre des habitants, sans  idée préconçue. Il est impossible de savoir à l’avance s’il y aura création d’un centre social ou d’un Evs, tout dépend des habitants et des forces en présence.
Notre rôle est d’impulser une dynamique pour les aider à mobiliser leurs propres ressources pour construire leurs propres réponses.

Peut-on dire que le métier rejoint, sous cet aspect d’autonomisation des habitants, des objectifs des métiers relevant du travail social ?
GPM
: Les modes d’intervention et les domaines ciblés ne sont pas les mêmes, mais certains objectifs se rejoignent effectivement. D’ailleurs, ce n’est sans doute pas un hasard si les trois conseillères techniques AVS de notre Caf ont toutes été travailleur social.
Pour ma part, j’ai commencé ma carrière à la Caf en tant qu’assistante sociale de secteur. J’ai obtenu, en cours d’emploi, une maîtrise d’AES (Administration économique et sociale) avec une mention « développement social ». Au fil des évolutions de notre institution, j’ai choisi de changer de métier tout en restant dans l’action sociale. Si le changement comporte parfois des difficultés d’adaptation, je le trouve néanmoins très stimulant. Je vis la remise en question comme un élément qui me permet d’avancer et d’être toujours, comme c’est le cas aujourd’hui, passionnée par ce que je fais !